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Quelques citations... Algunas citas...

Le progrès naît de la diversité des cultures et de l'affirmation des personnalités /
El progreso nace de la diversidad de culturas y de la afirmación de las personalidades (Pierre Joliot)


Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs.
À l'inverse, c'est de l'isolement que meurent les civilisations. /
Cualquier cultura nace de la mezcla, del encuentro, de los choques.
En cambio, las civilizaciones mueren por aislamiento. (Octavio Paz)

Congreso / Congrès 1001N De Bagdad a Granada


Congreso de Bagdad a Granada por 3alyiah 13-16 Avril 2011

19/09/2009

Séjours marocain et français d'un Vénézuélien d'Espagne...

De temps en temps, ce blog s'ouvrira fort heureusement à d'autres plumes que la mienne, et les deux textes qui suivent inaugurent cette liste qui, je l'espère, se fera de plus en plus longue. Il s'agit ici de 'devoirs' que m'a rendus un étudiant, Jean Klaudio Muelas Trujillo, concernant ses impressions de voyage et d'expatriation, un sujet qui me semble on ne peut plus à propos dans ce blog consacré au dialogue interculturel. Merci Jean Klaudio pour ces témoignages, et merci aussi d'avoir été le Guatimocín d'un jour, ce dernier souverain aztèque que tu as incarné lors du premier jeu de pistes inscrit dans le cadre des journées 'D'Une Rive à l'Autre'... Mais je me tais enfin, et me fais une joie de te céder la parole:



Expérience lors de la visite de la ville de Marrakech au Maroc



Le Maroc est un pays qui a beaucoup influencé l'Espagne, soit par sa proximité, les huit siècles de règne musulman dans la péninsule, soit par la conquête espagnole et le protectorat ou simplement par le constant flux migratoire vers l'Espagne ces dernières années.

Ma vision sur ce pays était limitée par le peu d'information que j'avais reçu jusqu'à présent : information transmise par les médias, bouche à oreille ou quelques lectures d'histoire.

J’y suis allé avec l’esprit d’abord assez fermé par rapport à leur culture, ainsi qu´un peu distant et peu compréhensif par rapport à leur comportement et leur façon de vivre. Je justifiais mon attitude par certaines expériences lors d'une première visite l'an dernier puis à d’autres occasions en Espagne, à Paris et à Genève où il existe une certaine tension sociale envers les immigrés des pays musulmans. Mon attitude n'était pas vraiment justifiée, et sans doute influencée par la grande manipulation des médias (TV, Radio, les informations où on attribue souvent certains malheurs de la société au monde arabo-musulman, « justification » de guerres absurdes, et en faisant cela on réussit à distraire l'attention des gens des vrais problèmes comme la corruption ou l'injustice du système social).

Depuis 3 ans je travaille comme guide à Grenade et des fois partout en Europe. D’habitude je me limitais à répéter les informations que j´avais lues ou que j'avais entendues sans les analyser, mais je suis allé au Maroc grâce à ma mère qui est venue me rendre visite quelques mois et qui m´a proposé le voyage. Elle est du Vénézuela et peintre de profession, et depuis très jeune, elle cultive des passions comme l’art, l'histoire, les différentes cultures et les comportements de société.

Lors de notre arrivée à l'aéroport de Marrakech-Menara, au mois de juillet dernier, tout s'est bien passé et de façon très simple. On n´avait qu’à remplir des papiers pour informer les autorités d’où nous allions rester et pour combien de temps. Or c'est beaucoup plus compliqué pour les étrangers non-européens qui veulent entrer en Europe.

On nous avait dit qu'il fallait toujours négocier les prix, pour les taxis, les hôtels, ou quand on fait des achats, et l´idée me dérangeait un peu.

En sortant de l’aéroport on a été frappés de plein fouet par la chaleur (52ºC) et on est allés dans un quartier qui s´appelle Guéliz, parce que j’avais vu dans un livre que s’y trouvait un hôtel qui me paraissait sympathique, l’Hôtel des Belges. Finalement on n´y est pas restés car on préférait aller vers le centre-ville et on s´est retrouvés à la Place Jemma El Fna. On a fait le déplacement à pied et le soleil était implacable, ce jour là il faisait 53 degrés. À mi-chemin, pas loin de la Place de la Liberté, on a rencontré deux Galiciens qui se réfugiaient de la chaleur sous l'ombre d’un beau palmier. Ils nous ont recommandé un Riad. Je ne savais ce qu’était un Riad, mais quand je suis entré ma première impression était celle d'une Corrala comme celles de l'Andalousie, comme par exemple La Corrala de l’Université, rue Santiago à Grenade,




ou le bâtiment du Centre de Langues Modernes dans le Realejo.




C’était la même disposition et le même style, ce qui a commencé à me faire voir les similarités avec l'Andalousie au niveau de l'héritage musulman. [*]
Notre Riad était à côté du Palais Royal, et de belles cigognes avaient leurs nids en haut de la muraille-forteresse.

Deux jours se sont écoulés’ avant que je ne comprenne le truc pour négocier les prix, mais par la suite je me suis bien amusé et je cherchais des prix justes sans me tromper. C’était rare qu’ils ne veuillent pas baisser les prix, et lorsque ça se passait il y avait toujours quelqu'un d'autre disposé à négocier. J´ai compris que c'est une culture de commerce qui a fait la société telle qu’elle est aujourd’hui.

Les différentes cultures coexistant au Maroc ont depuis toujours dû apprendre à survivre avec beaucoup de chaleur en été, et en hiver un froid très rigoureux. Il existe une grande différence entre les peuples provenant du nord de l'Afrique, et directement liés à l'histoire de Grenade comme les dynasties ziride, nasride, almoravide et almohade, issues de tribus berbères, et ceux du Moyen Orient, comme les tribus bédouines du désert d’Arabie ou les Omeyyades fondateurs du Califat de Cordoue et originaires de Syrie. On a tendance à cataloguer ces peuples sous l’étiquette « arabe », sans faire de distinction entre les diverses ethnies et origines.

Mais revenons-en aux similarités entre le Maroc et l’Andalousie. Les mosquées ont le minaret carré comme à Grenade et dans le reste des pays musulmans le minaret est rond. Le Maroc est un pays flexible par rapport à la religion, et les femmes peuvent conduire et s'habiller comme elles veulent. J’en ai vu certaines qui cachaient tout le corps, même les mains avec des gants et d´autres habillées comme les Occidentales. Les grands jardins sont remplis d’oliviers et de palmiers comme en Andalousie, les maisons ont souvent un patio andalou avec une fontaine au milieu.

Par rapport à la langue je pouvais m'exprimer sans aucun problème en français et il y avait certaines personnes qui parlaient espagnol ou anglais. Les gens étaient très polis, ouverts et sympathiques et on pouvait établir une bonne conversation avec eux. C’est des gens qui reçoivent agréablement l'étranger. Une petite anecdote : une fois je me suis perdu dans le quartier de la médina, et c'est vrai que les enfants rigolaient un peu du malheureux qui ne retrouvait pas la sortie, mais finalement un brave homme m´a aidé à retrouver mon chemin. J´ai marché dans des quartiers différents et vraiment je n´ai pas senti d'insécurité ou de peur, mais c’est vrai qu’il y a des voleurs et pickpockets, surtout dans les grands déplacements dans le train mais il faut juste être prudent de temps en temps.

Une autre chose qui m´a plu c´est que la Gare est très moderne, similaire aux gares européennes. Par contre, si la Gare est moderne, les trains et les réseaux eux datent des années 50-60, et leur mise en place est due à la colonisation française, tout comme le système de la sécurité sociale.

C'est vrai que je ne suis resté que 3 jours mais ça m´a bien servi pour apprendre des choses nouvelles et intéressantes par rapport à la culture marocaine, et surtout pour m'ouvrir l´esprit. J´ai pu également partager cet apprentissage avec ma mère qui est une personne solidaire et très encline à découvrir de nouvelles choses. Je garde un bon souvenir et l'envie d´aller dans l'Atlas avec ses pics de plus de 4000 mètres d’altitude. Un des aspects négatifs est malheureusement le fait que le un niveau de vie est très bas, ce qui est palpable dans la pauvreté apparente et dans un faible pouvoir d’achat, mais on trouve des gens avec une énergie incroyable, et en bonne santé. Ils sont ouverts au dialogue et disposés à rendre un service si c'est nécessaire, et contrairement à ce qu'on pourrait croire les gens ne gardent pas de ressentiment à l’encontre des Européens ou des colonisateurs. Je recommande de visiter ce pays car une visite est capable de changer notre vision négative de peuples qui, dans la plupart des cas, son victimes de cette société vorace qui impose comme mode la tendance au repli sur soi et au manque de compréhension. Le fait de s´intéresser à l´histoire et aux coutumes étrangères ainsi que de voyager nous aidera à plus d’ouverture d´esprit.

[*] Note de ‘la prof’ : En fait maintenant on appelle tout et n’importe quoi ‘riad’ à Marrakech et ailleurs au Maroc, mais les maisons qui ressemblent aux corralas de Grenade, peuvent être au Maroc simplement ‘dar’ (maison traditionnelle) ou alors ‘fonduq’ -de là vient le mot espagnol (andalusí) alhóndiga- lieu où les marchands-artisans pouvaient effectuer leur travail dans la cour et se reposer aux étages. Comme à l’époque beaucoup de ces marchands étaient itinérants et voyageaient en caravanes, On appelle parfois aussi cela caravansérail en français, même si à l’heure actuelle ça fait plutôt allusion à ce type d’établissement au Moyen Orient. Finalement, le fameux riad doit avoir des éléments caractéristiques comme le jardin. La fontaine au milieu est obligatoire, le riad est d’un seul étage, et autour de la fontaine on a des arbres et des plantes, avec si on le peut un écoulement d’eau en quatre lignes diagonales partant du centre et formant une croix, représentant en fait les quatre fleuves du paradis coranique. La cour des lions est exactement le modèle de riad. À l’époque nasride, le gravier autour de la fontaine n’existait pas, il y avait des arbres fruitiers plantés en contrebas -le sol a été rehaussé- dont les cimes arrivaient au sol, qui n’était composé que de ces rigoles de marbre sortant de la fontaine des lions. Pour se faire une idée de ce plan en contrebas, on peut évoquer los Reales Alcázares de Séville.




Expérience de mon séjour de 4 ans en France
J´ai eu un premier contact avec le monde francophone à Genève où j’ai séjourné pendant six mois. À cette époque-là, je ne parlais pas -ni ne comprenais- le français, rien du tout. Ma communication se basait sur un anglais très élémentaire et sur mon espagnol, langue native. Dans le même ordre d’idée, je ne connaissais rien de l’histoire ou de la culture de mon pays d’accueil, mais peu à peu je me suis adapté au pays (la Suisse francophone) et j´ai pu connaître quelques villes comme Lausanne, Neuchâtel, Winterthur et Berne. Maintenant, en étudiant l´histoire de France, je me rends compte qu’à l’époque carolingienne ce côté faisait partie de du royaume de Lothaire, la Lotharingie à la suite du Traité de Verdun, et aussi toutes les ressemblances avec la France, au point de vue de la langue, de la gourmandise, du sport, et de certaines activités.

Lorsque je suis allé à Paris, c´était l’aspect grandiose de la ville qui m´a frappé. Tous ces monuments et bâtiments, la Seine, les châteaux… Tout cela pour moi était impressionnant. Je ne parlais pas encore français, et j'avais une impression de la ville et de la culture assez limitée de par le handicap de la langue, mais j'étais vraiment attiré par cette ville qui a fortement participé dans l`histoire de l’humanité et a apporté une amélioration de la société moderne.

J'eus l'idée de m'engager volontairement dans la Légion Française qui fait partie de l'Armée de Terre de France créée par Louis-Philippe dans le but de renforcer la colonisation. Les étrangers y seront acceptés en échange de céder à toutes les décisions militaires de la France et en signant un premier contrat de 5 ans. J'ai appris pas mal de choses sur l'histoire des colonies (ce qu'ils veulent qu'on sache…), et mon apprentissage de la langue française (au moins parler et me faire comprendre). J’y suis resté moins de deux ans, mais cela m’a servi pour augmenter l’intérêt que je porte à ce beau pays. Grâce à cela je pouvais mieux comprendre la langue et j’ai pu voir une autre France que je n’avais pas connue auparavant. Je pouvais également comprendre la façon dont pensaient les Français et aussi leur humour ironique, ainsi que les blagues et à travers toutes ces connaissances j’ai pu, dans une certaine mesure, me faire intégrer dans leur culture.

Pendant mon séjour à Paris, je travaillais et j'habitais en face du bois de Vincennes, ancien terrain de chasse pour la royauté, emplacement du château du Moyen Âge fortifié, et utilisé pour protéger les limites de Paris (Porte de Vincennes) et employé aussi comme résidence royale. Donc c'était une belle opportunité que d'habiter dans une grande ville mais à deux pas de cette magnifique forêt avec le Lac Dosmenil (2000 mètres carrés, à côté de la Porte de Charenton).

Au niveau de la nourriture, j’ai dû m'adapter au petit déjeuner : il est sucré et j'étais habitué à manger salé le matin. Finalement j’ai bien aimé tout ce qui était croissant, pain au chocolat, chausson aux pommes, les bonne confitures, le yaourt... Oh la la, le beurre comme c’est magnifique ! Et les Français prennent le déjeuner vers midi. Moi, je mangeais souvent des choses légères comme la salade de mâche et le radis sauce moutarde. Il y a plein de recettes françaises que j’apprécie comme la quiche lorraine, la tartiflette, la fondue, la raclette et la coquille Saint Jacques pour faire un bon repas. En France on mange le dîner comme plat de résistance vers sept ou huit heures. Mes préférés étaient le rôti de porc, le cassoulet, et la choucroute. La France peut également se vanter de ses fromages, de son chocolat et de son vin, qui sont tout de qualité supérieure. Mmmm comme on mange bien en France !

Après un an et demi passé en France, j’ai commencé à travailler dans un cabinet médical chez un ophtalmologiste. La, je faisais des examens genre tension oculaire (ça doit être entre 11 et 19, essentiellement pour prévenir le glaucome), des photos du fond de l’œil, et d’autres examens lors desquels les gens devaient placer leur menton dans l’appareil et regarder la petite maison rouge et voilà, toutes les mesures étaient déjà prises ! Tous les jours, il y avait au moins une trentaine de personnes à voir et c’était une opportunité d’entamer une conversation et de connaître le pays par le biais des histoires de ces gens.

La ville de Paris est extraordinaire par sa magnificence. C’est à travers les monuments et bâtiments qu’on peut, d’une certaine façon, mesurer les événements de l’histoire. L’île de Paris, la Seine et la colline de Montmartre donnent un effet incroyable qui invite à la réflexion. Il ne faut pas oublier l’importance de villes comme Lyon, Bordeaux, Marseille, Orléans, Lorient, Avignon et les châteaux de la Loire (par exemple le château de Chenonceau), Saint Jean de Luz et Biarritz au Pays Basque, l’île de Ré avec son Phare des Baleines, Fécamp, Megève, Albertville, les petits villages dans le département de L’Ain comme Brénod, Haut-ville Laupnese, Nantua, Corxel qui m’ont beaucoup plu et auxquels je suis resté attaché. En tant qu’étranger j’étais bien accueilli pas les Français et j’ai même joué au rugby pendant deux ans dans l’équipe de Vincennes. La, j’étais l’unique non-francophone et je garde un bon souvenir des gens qui m’ont donné l’opportunité de faire partie de leur culture.

2 commentaires:

  1. J'avais entré un commentaire la semaine passée, mais il a disparu dans la 4ème dimension.

    Je ré-essaye aujourd'hui!

    Intéressante expérience car le Venezuela, c'est bien différent (je n'arrive plus à trouver le passage où tu dis d'où tu viens mais il me semble que c'était le Venezuela... quoi qu'il en soit, ça ne peut qu'être très différent!) et je trouve que rencontrer une autre culture en full immersion (la nourriture, les habitudes, la langue, les sujets d'intérêt) est une grande chance, ça rend plus tolérant et élargit les idées.

    Quant au Maroc, j'y suis allée une seule fois, dans des circonstances pas idéales du tout, et pourtant c'est vrai que les gens étaient souvent d'une gentillesse simple et spontanée.

    En espérant que cette fois, mon post apparaîtra!

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  2. Merci de ton intérêt, Edmée, je transmets ton message à Jean-Klaudio.

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