Lorsque l’idée germa en moi de participer, avec mes étudiants de langue française C4-B de la Faculté de Traduction et Interprétation de Grenade, à la célébration de Verviers Ville des Mots, ce fut grâce à une réalité cachée derrière l’un des termes proposés comme dix mots complices ou mots qu’on plisse de la Francophonie: réseauter. En effet, sans Internet et les réseaux sociaux, impossible de mettre ceci sur pied car, tout simplement, je n’aurais pas eu connaissance, ou alors trop tard, des préparatifs de l’événement dans ma ville natale, et puis nous n’aurions pu réaliser ou envoyer notre travail dans les temps !
Ici, à Grenade, mes étudiants avaient commencé l’année scolaire avec une autre professeure, Karmele Alberdi, qui les a fait voyager, en français, dans l’immensité magique des contes, au gré des cultures et des pays, car cette thématique des contes avait précisément été choisie comme fil conducteur pour notre cours de langue française de cette année, en vue de l’inclure dans un projet plus vaste. En effet, en avril j’organiserai, dans le cadre d’un projet d’innovation pédagogique intitulé 'D’une rive à l’autre : dialogue interculturel entre l’art et les cours', un colloque international ayant lui-même pour titre 'De Bagdad à Grenade : Miroirs des Mille et Une Nuits'. Mes étudiants y participeront d’une manière ou d’une autre : certains parmi le public, d’autres comme volontaires, d’autres enfin comme participants créateurs. Ce cas concerne les membres du cours de langue en fac de traduction. Jusqu’en février, je suivais les activités de ce groupe à distance grâce aux informations de ma collègue mais aussi sur le profil Facebook que nous avions créé dans le cadre du cours : 'Il était une fois notre profil Facebook langue C3/C4'. Maintenant que c’était à mon tour de leur donner cours, j’ai pensé qu’il serait intéressant de passer à l’action pour les inciter à devenir conteurs et conteuses. Le tout est parti d’un petit questionnaire d’introduction, qui tournait autour de leurs goûts, leurs préférences, et des contes, bien entendu. C’est une des questions de ce petit sondage qui a permis de faire démarrer notre projet : 'Pensez-vous que Grenade est une ville digne des Mille et une Nuits ?' Les réponses, majoritairement affirmatives, évoquaient toute une série de lieux de la ville qui trouveraient leur place dans un conte.
Il s’agissait là de la meilleure façon de démarrer notre projet. Les étudiants choisirent ensemble quels quartiers devraient figurer dans notre conte, qui se présenterait comme une histoire permettant à la population verviétoise de découvrir notre belle ville. Quoi de plus logique, donc, de mettre à l’honneur une habitante imaginaire de ce lieu de Belgique dont les jeunes n’avaient jamais entendu parler. C’est une étudiante qui proposa de faire se promener dans les rues grenadines un personnage né à Verviers. Puis tous en chœur demandèrent à ce que la protagoniste évolue auprès de personnes issues des couches populaires grenadines, plutôt que provenant de milieux trop intellectuels ou académiques, dans un souci de proximité sociale. Aussitôt dit, aussitôt fait, les étudiants s’organisèrent en petits groupes qui, chacun, plancherait sur une description des quartiers choisis et un événement devant s’y passer. J’avais insisté sur l’importance des cinq sens dans leur rédaction, et leur réponse fut très satisfaisante ! Pour s’inspirer, à chaque cours on apportait du matériel, des livres et les ordinateurs branchés sur Internet, pour pouvoir voir, entre autres, les photos de la ville que l’on postait aussi sur notre profil Facebook pour s’aider dans nos descriptions. Il fallait que la magie s’opère tout en conservant une certaine logique, entre autres de déplacement, et une tâche compliquée fut d’organiser l’itinéraire de notre protagoniste qui devait se déplacer harmonieusement d’un coin à l’autre de la ville. Aujourd’hui, nous pouvons fièrement confirmer le fait que toute personne décidant de visiter Grenade en inscrivant ses pas dans les traces d’Eva se trouvera face à un parcours tout à fait faisable. Qui plus est, comme la jeune fille du conte, le visiteur pourra vérifier le caractère accueillant de ses rues, paysages, bâtiments et habitants. Le travail de la prof fut bien entendu de donner un coup de main aux étudiants en corrigeant certaines erreurs de langue, de marier les différentes parties et de remplir les blancs chronologiques dans notre histoire. Outre le conte en lui-même, nous avons aussi planché sur les fameux dix mots complices de la Francophonie, dont huit apparaissent déjà en gras dans ce texte, pour essayer de les faire parler par rapport à un détail visuel de notre ville. Nous devions faire vite car j’avais promis de les envoyer à Michèle Corin, responsable de Verviers, Ville des Mots, qui devait les imprimer et les accrocher aux arbres de ma ville natale pendant la semaine de célébration. C’est ainsi que des mots comme agapes ou cordée nous permirent de mettre en avant, entre autres choses, la jouissance gustative propre à Grenade, ainsi que sa position privilégiée au pied de la montagne la plus haute et la plus méridionale de l’Espagne, lui donnant le statut de « cœur de la cordée entre Africains et Européens », une belle métaphore trouvée par une étudiante nommée Alicia. Notre conte terminé et approuvé par tous, il fut envoyé à Christophe Dechêne, créateur et webmaster du site de Best of Verviers, qui le mit en ligne, à la grande excitation de tous ses auteurs.
Afin de faire partager à nos lecteurs les moments de création qui nous ont unis autour de ce conte, le clip présenté ci-dessous entend montrer aux Verviétois, à défaut de pouvoir être auprès d’eux physiquement pour célébrer la fête de la langue française et de la diversité linguistique, comment est né ce travail collectif. Voici donc en images quelques-unes des inspirations, quelques-unes des étapes, et quelques-uns des moments ayant mené à l'élaboration du conte que notre classe grenadine de langue française C4-B a envoyé à Verviers dans le cadre de la fête de la langue française et de la diversité linguistique. Je vous propose de le visionner une première fois en vous laissant porter par ce que vous inspirent images et musique, et puis si le cœur vous en dit, de découvrir quelques-unes des clés de lecture de ce clip à la suite…
Pour le réaliser, je voulais montrer plusieurs choses : notre ville, les étudiants, et bien sûr leurs créations. Le choix musical était important aussi, et l'Algérienne Souad Massi me sembla représenter une des meilleures ambassadrices de notre message interculturel au travers d’un conte. Car sa chanson ‘Raoui’ évoque, en arabe, un conteur à qui elle demande de l’emmener dans son monde magique, loin d’une réalité parfois un peu dure. Voici ce que les détours des notes et les bonheurs des hasards facétieux ont concocté en ce mariage visuel et auditif, parfois un peu à mon insu…
On voit | On entend |
Deux dames assises devant le Palais de Charles Quint de l’Alhambra, à côté de l’affiche annonçant l’exposition Matisse.Un gros plan de l’affiche, où on remarque les détails de tissus décorés par des grenades stylisées.Une porte de l’Alhambra ouverte sur le bois s’étendant en contrebas.Un ancien billet de l’Alhambra, datant du début du XXème siècle et du début des visites, à l’époque où Matisse visita les lieux.L’Alhambra depuis un point de vue peu connu et peu fréquent. | Des accords de guitare |
Matisse fut un premier fil conducteur de la genèse de ce jumelage grenadino-verviétois, car cela me paraissait très troublant de constater que l’exposition lui étant consacrée à l’Alhambra s’achevait juste au moment exact où une autre exposition Matisse s’ouvrait à Verviers. Si la cité lainière parle de l’influence de Tahiti dans ses créations, Grenade parlait bien entendu de l’avant et après Andalousie dans les œuvres de Matisse. L’orientalisme dont tant de ses tableaux seraient dorénavant empreints devait beaucoup à l’Alhambra.
On voit | On entend |
La signature de Matisse dans le livre d’or de l’Alhambra. | Les accords de guitare |
C’est en feuilletant les vieux livres d’or et en trouvant la signature de ce personnage illustre que la responsable de l’Alhambra eut l’idée de cette exposition retraçant le voyage de Matisse à Grenade, où le visiteur pouvait voir, entre autres, toute une série de lettres à sa femme, où le peintre consignait ses impressions de la ville, de l’Alhambra et de l’Andalousie. C’est un peu cela qui nous décida à introduire l’élément épistolaire dans notre conte.
On voit | On entend |
Une sculpture d’une plume et d’une grenade; un détail de la fenêtre aux moucharabiehs de la Porte du Vin de l’Alhambra, dédiée à Debussy ; une ombre au sol semblant scruter le lointain à la recherche du passé. | Aḥkî, yâ rawî, aḥkî, aḥkaya
Raconte, ô Conteur, raconte une histoire
Mâdâ bî-k tkun riwâya
Puisse-t-elle être une légende
Aḥkî l-î ɛalâ nâs z-zmân
Parle-nous des gens d'antan |
C’était à notre tour d’écrire depuis et sur Grenade. On pourrait par exemple parler de cette curieuse porte du vin au nom déformé, dédiée à Claude Debussy qui composa un prélude grenadin sans jamais avoir mis les pieds dans cette ville. Ce ne furent « que » les lettres de son ami le musicien Manuel de Falla et les cartes postales qu’il lui envoyait qui composèrent son inspiration. Nous ferions de même avec le personnage-clé mourant au début de notre conte : le vieux Hassan, un Marocain de Verviers qui connaissait notre ville grâce aux contes de sa mère et aux écrits de son seul ami Mohamed, qui vivait à Grenade et lui parlait de la ville et de ses légendes.
On voit | On entend |
Un salon de thé typique de Grenade, qui porte le nom de Mille et Une Nuits et propose, outre les narguilés et le thé, toute une série de menus capables de satisfaire les appétits les plus pantagruéliques ; une statue de Boabdil, le dernier sultan de Grenade, que l’on voit à l’image suivante derrière un grenadier, arbre symbole de sa ville. | Aḥkî l-î ɛalâ âlif lîla wa lîla
Parle-moi des Mille et une Nuits
Wa ɛalâ Lûnja bant al-ḡûla
Et de Loundja, la fille de l'ogresse
Wa ɛalâ walid-hâ as-sulṭan
Et du fils du sultan.
Ḥâjît-ak mâ jît-ak
‘Je devine qu’il était une fois’ |
Le personnage de Hassan serait donc le lien fondamental avec notre ville; il portait le nom du père du dernier sultan de Grenade, Boabdil, et savait comment attirer l’attention de son auditoire captivé par ses histoires…
On voit | On entend |
Une figue de barbarie posée sur un banc ; une croix surmontant une étoile de David ; le plafond de l’Abbaye du Sacromonte où une myriade d’étoiles de David enserrent l’inscription YHS (initiales de Jésus) en lettres grecques écrites de droite à gauche ; le sommet d’un clocher aux réminiscences musulmanes ; une porte s’ouvrant sur un mystère… | Wa addî-nâ baɛid min ad-dunya
Et emmène-nous loin du monde [réel]
Ḥajît-ak mâ jît-ak
‘Je devine qu’il était une fois’ Kul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya
On a tous une histoire au fond de son cœur
Kul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya
On a tous une histoire au fond de son cœur |
Les histoires que les étudiants avaient envie de raconter étaient souvent empreintes des différentes cultures présentes dans leur ville.
On voit | On entend |
Un premier travail des étudiants : une photo de trois grenades stylisées dorées où on peut lire une phrase formée à partir d’un des dix mots : Grenade accueillante, un fruit d’or dont chaque grain porte un message différent ; une image de certains élèves en train de travailler par petits groupes, concrètement celui-ci étant formé par deux Espagnoles et deux Marocains | Wa addî-nâ baɛid min ad-dunya
Et emmène-nous loin de la réalité
Ḥajît-ak mâ jît-ak
‘Je devine qu’il était une fois’ Kul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya
On a tous une histoire au fond du cœur
Kul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya
On a tous une histoire au fond du cœur Aḥkî wa ansâ billi aḥnâ kbâr
Raconte ; oublie que nous sommes grands
Fî bâl-ik li râ-nâ ṣḡâr
Fais comme si nous étions petits U nabnû kul aḥkâya
Et nous croirons à toute histoire
|
Le message de Grenade est aussi celui des étudiants de traduction, qui découvrirent ensemble les vertus de leur ville et le plaisir de raconter une histoire qui leur tenait à cœur. C'est comme s'ils revivaient le temps de l'écriture la magie du monde d'enfants qu'ils viennent à peine de quitter, et comme si leur auditoire, avide de connaissances grenadines, s'invitait en classe pour leur demander des comptes et des contes, histoires auxquelles on a envie de croire…
On voit | On entend |
La statue d’Isabelle la Catholique et de Christophe Colomb, au centre-ville de Grenade, qu’on a voulu pour illustration de la phrase : 'La Grenade convertie devint ‘complice’ de la découverte d’un ‘Nouveau Monde’ '; un cahier d’étudiant et une main travaillant sur un exercice de réécriture | Aḥkî li-nâ ɛalâ al-janna
Parle-nous du jardin-paradis
Aḥkî li-nâ ɛalâ an-nâr
Parle-nous du feu de l’enfer
Wa ɛalâ aṭ-ṭîr allî ɛumr-u mâ ṭâr
Et de l'oiseau qui n'a jamais volé
Faḥḥam-nâ l-maɛnâ ad-dunya
Fais-nous comprendre le sens de la vie |
Notre ville est emplie de fois et de cultures superposées, et la présence des Rois Catholiques fut l’inflexion claire et terrible marquant la fin d'un certain monde et la naissance d'un monde nouveau, de part et d’autre de l’Atlantique, car la vie de chacun serait à jamais bouleversée par cet événement: le paradis pour les uns, l’enfer pour les autres...
On voit | On entend |
Aitor, un des étudiants au prénom basque, qui attend le métro et semble vouloir être ailleurs, pourquoi pas dans une belle histoire ; Un autre travail de création autour du mots ‘agapes’ qui a choisi comme fond visuel la terrasse d’un salon de thé où des gens de diverses origines sont assis autour d’un narguilé ; une des étudiantes, Andrea, dont le petit air mutin cache une grande sensibilité envers sa ville de résidence ; un travail de création autour du partage des crédos, dont l’idée nous est venue de Buel-la, qui nous avait raconté une première histoire très émouvante sur son enfance de petit réfugié du Sahara occidental en Algérie ; Beatriz, autre élève enthousiaste par rapport à ce travail de conte ; un travail de création réalisé par Alice, que le prénom prédestinait à la création littéraire merveilleuse, qui ici a voulu parler du rôle unificateur de Grenade, entre l’Afrique et l’Europe. | Ḥâjît-ak mâ jît-ak
‘Je devine qu’il était une fois’
Wa addî-nâ baɛid min ad-dunya
Et emmène-nous loin de la réalité
Ḥajît-ak mâ jît-ak
‘Je devine qu’il était une fois’Kul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya
On a tous une histoire au fond du cœurKul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya
On a tous une histoire au fond du cœur |
Grenade, c'est aussi et surtout ses habitants, et parmi eux mes étudiants qui ont tous leur histoire, triste ou gaie, profonde ou légère, qu’ils ont envie de crier au monde…
On voit | On entend |
Hollie, étudiante ERASMUS anglaise vivant au Sacromonte ; un gros plan de la main de Fatima se trouvant sur la Porte de la Justice de l’Alhambra dont Clara s’est inspirée pour réinterpréter une légende tournant autour du concept de main ; Ilyas, autre élève d’origine marocaine posant dans le souk grenadin ; une statue de Yehuda Ibn Tibbun, un juif du 12ème siècle, patron des traducteurs, que beaucoup confondent avec Boabdil en l’appelant 'le Maure au beignet', alors que c’est un juif brandissant un parchemin qui a inspiré aux étudiants un petit texte autour de leur rôle en tant que traducteurs : réseauter ; Luna, folle de joie un soir en rue où la lune sourit sur son visage et dans son prénom… | Aḥkî, yâ rawî, aḥkî, aḥkaya
Raconte, ô Conteur, raconte une histoireAḥkaya, yâ rawî kimâ aḥkâw l-ak
Une histoire, ô conteur, comme on te l’a racontée
Mâ tzîd mâ tnaqqaṣ min ɛand-ak
Sans en rajouter, sans en enlever
Kân îtaḥfâw ɛalâ bâl-ak
Prends garde, nous avons une mémoire
Aḥki wa nsîna min hâda z-zmân
Raconte, et nous oublierons la réalité
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Alors qu’elle venait de nous envoyer des photos et le texte compilé de sa partie de conte rédigée avec ses camarades de classe et qu'elle prenait le chemin de la fac, Hollie s’est fait attaquer par un chien au Sacromonte, et a fini à l’hôpital. Elle n’a donc pas pu terminer le conte avec nous, c’est pourquoi nous avons voulu le lui dédier et surtout respecter au pied de la lettre ses idées, en ce sens que l’héroïne du conte arriverait dans le Sacromonte où quelqu’un de l’endroit l’accueillerait. La suite du conte fait la part belle tant à la réalité de notre ville qu'à ses légendes, comme celle de la main et de la clé se trouvant à la Porte de la Justice, que nous avons gardée pour la décoration des arbres de Verviers aux côtés de certaines images emblématiques de notre ville. La légende en question a été un peu transformée par Clara, et en cela, elle a fait comme tous les conteurs qui s’approprient les histoires pour un peu les modifier au gré de l’inspiration. Mais n’est-ce pas profondément humain de changer la réalité pour en faire ce qui nous est plus favorable ou familier ? Toujours est-il que notre conte a voulu aussi rétablir certaines réalités de l’histoire de notre ville, ce creuset si passionnant…
On voit | On entend |
Une création de Luna autour du mot ‘chœur’ liée aux sensations que les touristes peuvent avoir en découvrant une ville comme la nôtre ; Pamela, étudiante originaire des USA qui, quant à elle, avait visité les fêtes bavaroises, se rapprochant ainsi un peu des contrées verviétoises ; un citron comme il y en a tant dans les rues de notre ville ; la professeure en compagnie d’une vieille dame apparue de nulle part dans la médina de Fès au Maroc pour la marquer de sa bénédiction ; un clin d’œil au Plat Pays de Jacques Brel en une création de la prof autour de sa ville de Grenade qui décline, sur le modèle brélien, une ode grenadine | Ḫalî-nâ fî ‘kân yâ ma kân’
Abandonne-nous dans ce ‘Il était une fois’
Fî ‘kân yâ ma kân’
Dans ce ‘Il était une fois’
Ḥâjît-ak mâ jît-ak
‘Je devine qu’il était une fois’
Wa addî-nâ baɛid min ad-dunya
Et emmène-nous loin de la réalité
Ḥajît-ak mâ jît-ak
‘Je devine qu’il était une fois’
Kul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya On a tous une histoire au fond du cœur
Kul wâḥid min-nâ fi qalb-u aḥkaya On a tous une histoire au fond du cœur |
Notre vécu, nos origines, nos espoirs, nos préférences, tout cela nous a guidés vers un conte où avant tout devait primer l’humain, pour faire résonner dans le cœur des Verviétois, nos premiers lecteurs, un peu de leurs référents qu’ils apprendraient à mêler aux nôtres dans une histoire que nous avons adoré créer pour eux.
On voit | On entend |
Le tableau de classe rempli d’explications lexicales et phonétiques pour aider les étudiants dans leurs créations poétiques ; le même petit groupe de tout à l’heure mêlant Espagnoles et Marocains ; un autre groupe planchant sur leur propre pastiche de strophes de Brel pour parler de Grenade et de l’Andalousie ; un dernier groupe qui fut très rapide dans son pastiche et produisit un très joli texte choisi en guise de conclusion visuelle du clip ; la page Facebook de notre cours où Beatriz s’enthousiasme du succès rencontré par notre conte ; une image de Pili contemplant l’Alhambra que nous avons choisie comme image de fin de notre conte ; la création d’Irene, Alicia et Davinia pastichant le Plat Pays. | la mélodie uniquement fredonnée par Souad Massi |
Et comme nous adorons avant tout notre Grenade, l’inspiration fusait parmi les étudiants qui ont produit, par exemple, ce merveilleux texte pastichant le Plat Pays de Brel :
Avec de belles grenades pour anciennes monnaies
Et des salons de thé comme nouveaux palais
Où des églises chrétiennes substituent les mosquées
Avec de petites rues pour contempler les fées
Et des odeurs de fleurs pour essence de parfum
Avec le bruit de l’eau qui murmure sans fin
Le paradis qu’on a perdu…
Et oui, ce paradis perdu des Arabes, qui avaient recréé leur oasis partout dans l’Alhambra et dans la ville, c'est aujourd'hui le beau pays de bien des nouvelles générations qui apprécient leur lieu de vie et viennent rêver au fil de l’eau, cette même eau qui rappelle à la Grenadine d’adoption que je suis mes origines de fille de Vesdre…
Nathalie Bléser
À Grenade comme à Verviers, voyageons au FIL de l'eau,
car c'est elle qui crée une histoire, notre Histoire.
L'eau est le FIL conducteur
de deux époques et de deux mondes;
elle est fantaisie et réalité
(Irene)
On ne peut qu'encourager les étudiants et leurs professeurs à continuer cette route ensemble et à nous faire partager ces rencontres, ces vies qui se croisent et se croiseront encore et encore...
RépondreSupprimerNathalie Alazard
Merci beaucoup Nathalie (Nath Ala, je présume!), dont je partage le prénom! Ici en Espagne, nous sommes 'tocayas', personnes qui partagent le même prénom...
RépondreSupprimerJe transmets ton message aux étudiants qui seront certainement très contents!
Quel travail extraordinaire, une fois de plus, tant sur le plan pédagogique, culturel, humaniste.
RépondreSupprimerTes étudiants ont bien de la chance Nathalie.
On sent que tu travailles au départ d'une pédagogie centrée sur le sens, fonctionnelle, socio-constructiviste.
Ce qui me plaît le plus, ce sont ces rencontres et cet esprit d'ouverture que tu proposes à tes étudiants, notre monde en a bien besoin aujourd'hui.
Bravo à eux pour cette participation active
Merci mille fois pour tes mots Christophe.
RépondreSupprimerEn fait, moi aussi j'ai beaucoup de chance de pouvoir travailler avec des jeunes motivés!!
Et merci pour ton aide en tant que canal de diffusion et de soutien moral de chaque instant!!
Le bonjour d'un descendant andalous de Boabdil qui a construit l'arbre genealogique de la famille Belahmer ou banu al ahmar installes a fes apres leur exil.
RépondreSupprimerAvec vos articles vous reveillez en nous des souvenirs tristes et beaux.
Pret a vous offrir plus d'infos sur les descendants d'abu abdil vivants jusqu'a aujourd'hui.
Mohames Belahmer
hamidbel@gmail.com
Je vous remercie mille fois d'être passé lire ce témoignage et d'avoir laissé votre commentaire.
RépondreSupprimerJe prends bonne note de votre adresse courriel, Mohamed. Passionnant travail de généalogie que le vôtre, j'imagine. Je vous invite alors à découvrir un autre texte consacré à votre illustre ancêtre, si le coeur vous en dit: http://www.bestofverviers.be/les-gens/lettres-de-nos-tchets-volants/654-sur-les-traces-de-boabdil.html
Très bon dimanche et encore mille mercis pour ce commentaire!