Compártelo, Partagez ce site, Share this with your friends!

Quelques citations... Algunas citas...

Le progrès naît de la diversité des cultures et de l'affirmation des personnalités /
El progreso nace de la diversidad de culturas y de la afirmación de las personalidades (Pierre Joliot)


Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs.
À l'inverse, c'est de l'isolement que meurent les civilisations. /
Cualquier cultura nace de la mezcla, del encuentro, de los choques.
En cambio, las civilizaciones mueren por aislamiento. (Octavio Paz)

Congreso / Congrès 1001N De Bagdad a Granada


Congreso de Bagdad a Granada por 3alyiah 13-16 Avril 2011

28/01/2010

La Belle Histoire d’Un homme et ¿une femme? Non! …un chien !

Ce lundi, j’ai revécu avec beaucoup de plaisir les moments passés les 23 et 24 janvier derniers, en compagnie de Charly, Skoff et nos nouveaux amis flamands Chris et Karin, grâce aux articles de mes deux compagnons-reporters du week-end, Christophe Dechêne (CD) et Jean Brasseur (JB).
Je n’ai pu m’empêcher d’épingler deux phrases desdits articles, qui retinrent particulièrement mon attention : Nous vous présenterons tous des articles différents mais qui racontent une histoire. Une belle histoire au cœur de plusieurs rencontres. (CD) Coup de bol ou effet providentiel ? Qu'importe (JB).

La première phrase m’interpellait car elle était une invitation à produire le récit que j’avais promis de publier sur le sujet, et la seconde éveillait la réminiscence d’une conversation avec les deux compères verviétois de passage en Andalousie, lors de laquelle je m’étais quelque peu laissé aller à mes « élans mystiques » (qui n’ont tout de même pas été jusqu’à leur passer un CD d’adhan -appel à la prière du muezzin- pendant notre trajet entre Huétor Santillán et Huéscar… quoique j’y aie songé !). Puis elles m’évoquaient aussi, chacune à leur manière, certains enseignements glanés chez mon cinéaste fétiche, Claude Lelouch. C’est ainsi que, tout comme les sous-titres, le titre principal de cet article est emprunté à ses films : le mythique Un homme et une femme (revisité en 'Un homme et un chien'), et aussi le film du cinéaste qui m’a, de loin, le plus bouleversée : La Belle Histoire, que Lelouch surnomme son « opéra gitan ». Ce film relate la rencontre de personnages contemporains se reconnaissant au bout de deux mille ans, puisqu’ils vécurent tous dans un ghetto de Palestine à l’époque du Christ, interprété par un Gérard Lanvin dont le personnage n’est autre que la réincarnation du Christ en la personne d’un Gitan andalou de Nîmes qui évolue dans un milieu tauromachique. Personne ne voulant m’accompagner, j’avais décidé d’aller voir seule ce film à Bruxelles lors de sa sortie en 1992, et le « hasard » m’avait placée aux côtés d’un Nîmois en transit dans la capitale pour quelques heures et qui m’avait parlé de sa région. J’y voyais là, déjà, un clin d'oeil du destin. 1992 était aussi l’année de ma rupture avec la Belgique pour voler de mes propres ailes en terre d’Espagne, était-ce un hasard par rapport à cette histoire que je conte aujourd’hui ? Plus je vois les films de Lelouch, et moins je le crois, car le cinéaste voit en ces décisions du destin des mathématiques de haut de gamme dont les ressorts sont mus par celui qu’on appelle à tort le hasard. Et je me rends compte aujourd’hui que bien des convictions lelouchiennes et miennes vont comme un gant au récit de cette rencontre avec le marcheur de Jalhay et son chien, en un week-end qui nous en a appris à tous un peu plus sur le genre humain.

Le Genre Humain
Tel est le titre que Lelouch avait donné à une trilogie tronquée, en hommage à Victor Hugo qui affirme dans La Légende des Siècles qu’il n’y a « pas d’intrigue, pas d’autre nœud qu’un fil, ce fil qui s’atténue quelquefois au point de devenir invisible mais qui ne casse jamais, ce fil mystérieux du grand labyrinthe humain. Car je considère le genre humain comme un grand individu collectif ». Ce fil, je désire moi aussi, telle Ariane, le saisir pour détricoter la trame menant à la rencontre de ce week-end dernier dans la bourgade de Huéscar, entre individus arrivés à une intersection particulière dans ce grand labyrinthe de la vie. Le rendez-vous avait été fixé par téléphone et email, sur initiative de Jean Brasseur, journaliste au Jour. Mais avant d’arriver à ce qui constitue le dernier maillon de cette chaîne ou le dernier recoin du labyrinthe, permettez-moi de remonter aux détails qui ont patiemment tissé nos ‘coïncidences miraculeuses’. J’avais trouvé un jour sur Internet le journal de bord d’une personne qui décrivait une collection ayant attiré mon attention ; il s’agissait de plages en pots :

Il aimait s’asseoir à sa table de travail, face à la fenêtre. (…) Sur l’appui de fenêtre en marbre se trouvait une collection étonnante. Une trentaine de pots en verre de forme hexagonale remplis de sable. (…) Le lieu du prélèvement était indiqué par une petite étiquette blanche glissée à l’intérieur. (…) Les plages en pots ! Quelle idée !? Ce sable entreposé devant lui était chargé de souvenirs. (…) Allongé sur la plage, il entendait encore Laurent chanter « Toute la vie on prend du sable, du sable dans la main qui s’en va et le temps nous coule entre le doigts. » Voilà pourquoi Paul avait ramené tout ce sable, ce sable chaud, qui lui filait entre les doigts, lui rappelait qu’il fallait vivre doucement. Et puis les couleurs, la taille des grains, différentes pour chaque plage. Les grains de ce sable étaient, comme les hommes que Paul rencontrait dans sa vie, à la fois tous semblables, mais aussi tous différents. Il fallait apprivoiser chacun, entrer en relation, en communication. La durée de l’échange n’avait pas d’importance, seule comptait la qualité de celui-ci. L'importance de communiquer avait toujours été essentielle à ses yeux. Pourtant, lui qui vivait à l'ère de la communication avec Internet, la télévision, le portable,... il constatait que l'on restait souvent dans le domaine de l'information. Communiquer, c'est s'exprimer, dire quelque chose mais aussi être entendu, écouté. (…) Souvent, communiquer était quelque chose de trop oublié aujourd'hui.

Ces propos à mi-chemin entre le roman, l’essai et le journal de bord m’avaient plu, surtout cette métaphore de sable menant à une réflexion sur l’accélération de nos vies, leur côté éphémère et le désir souvent frustré de communication. C’est ce qui m’avait incitée à entamer un cyber-échange avec l’auteur de ces quelques lignes : Christophe Dechêne, concepteur de Best of Verviers qui vient aujourd’hui d’effectuer son premier reportage en Andalousie. Internet encore, par le biais d’un papier de Jean Brasseur sur actu24.be, m’avait fait connaître le pari apparemment fou d’un homme de cette région verviétoise qui projetait de partir à pied, avec son chien, en plein hiver, vers Marrakech et ce pour une bonne cause. J’avais laissé un message en bas d’article, auquel avait répondu Thierry Grignard, responsable du site verviersphoto.be, chargé de tenir les fans de Charly et Skoff au courant de leur progression. Dans mon message, je proposais d’héberger Charly si son itinéraire le menait à Grenade, et puis l’idée me vint aussi de proposer une rencontre-débat au sein de ma Faculté grenadine de Traduction et Interprétation. Or voilà que nous sommes à quelques jours de la célébration de cet événement, une rencontre entre un marcheur francophone et des sédentaires hispanophones, un partage d’impressions des uns et des autres.



Les Uns et les Autres - C’était un rendez-vous
Alors que le week-end dernier nous apercevions au bout de l’horizon la silhouette de Charly se découper sur cette route rectiligne m’évoquant ce fil incassable reliant l’ensemble du genre humain, je ne pouvais m’empêcher de trouver miraculeuse la toile d’araignée des télécommunications actuelles permettant de joindre un homme cheminant au milieu de nulle part. La rencontre tenait curieusement des retrouvailles, alors que nous ne nous connaissions pas ‘en vrai’, mais la magie d’Internet et du téléphone rendait ce couple homme-chien très familier. Même Skoff le chien, pourtant étranger à nos cyber-manies et autres télé-addictions, nous faisait lui aussi une incroyable fête, comme s’il savait qui nous étions, comme s’il nous connaissait depuis toujours et attendait simplement l’instant des retrouvailles…



Cette impression de 'déjà vu' ou de connaissance antérieure est d’ailleurs souvent revenue dans la bouche de chacun de nous pour évoquer l’atmosphère de ce week-end pas comme les autres. Alors que Christophe accompagnait Charly et Skoff dans leur marche, la première tâche de Jean et moi-même était de trouver un restaurant admettant les chiens. Ce fut chose faite au Maño II, après un peu d’insistance pour convaincre les propriétaires des lieux de fermer les yeux sur leurs normes, étant donné la particularité de la démarche de Charly et son compagnon à quatre pattes. Le nom du restaurant semblait saluer le thème de mes journées de dialogue interculturel, Racines et Exils, dans le cadre desquelles je reçois Charly. 'El Maño' est en effet un surnom attribué aux habitants d’Aragon, dont on suppose qu’un jour partit le futur propriétaire du restaurant pour tenter sa chance ici en Andalousie. Après cette première étape, Jean et moi devions trouver un logement. Partis dans un premier temps vers le village, un pressentiment me dicta de bifurquer à la dernière minute vers une indication faisant état de logements ruraux. « À mon avis, dis-je à Jean, ici les chiens seront plus facilement admis ». Sur la petite route de campagne nous menant au logement en question, un autre signe vint me sourire, faisant bientôt du pressentiment une certitude en devenir. Car comme dirait mon éternel Lelouch, lorsque l’on commence à prêter attention aux signes, ceux-ci semblent nous sourire et vouloir entrer en dialogue constant. En bordure de route se dressait un salon de thé dont le nom esquissait du bout de ses intonations la destination marocaine de Charly : Tetería Al Cadima. ‘Al Cadima’ signifie ‘l’ancienne’ en arabe, et évoque les casbahs ou alcazabas que l’Andalousie et le Maroc ont en partage, comme bien sûr l’Alcazaba Cadima de l’Albayzin grenadin, qui s’était rappelé à mon bon souvenir au sortir du restaurant.



 Puis un peu après cette tetería, nous prîmes le chemin de terre menant au gîte rural Casas-Cuevas Molino de Fuencaliente, qui proposent aux visiteurs cet étonnant concept de ‘troglo-tourisme’. Une entrée plus évocatrice d’une hacienda mexicaine que d’une grotte grenadine nous mena à un terre-plein où discutaient trois adultes et un enfant entourés de deux grands chiens noirs. J’expliquai la raison de notre présence en demandant s’il y avait des logements libres… et acceptant les chiens. L’homme à tout faire du lieu me répondit qu’il n’y avait pas de souci, mais que si on voulait être entre Belges, ses interlocuteurs l’étaient tout comme nous ! Je mis tout de même quelques secondes pour comprendre qu’il ne s’agissait pas de clients mais de voisins et ‘concurrents’ logeurs, sans que cela pose de problème apparent. Ici les hôteliers ne se font pas la guerre, loin de là, l’entraide est de mise. Et c’est ainsi qu’on décida du logement dans les grottes aménagées par nos compatriotes flamands Chris et Karin. Hasard ou coïncidence ?

Hasards ou coïncidences
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », dit Lelouch, et j’en suis de plus en plus convaincue. Le contact entre nous tous se fit de la façon la plus naturelle du monde. Nous avions l’impression de nous connaître de longue date alors que nous venions de nous rencontrer, mais je finis par trouver de plus en plus normales ces circonstances exemplaires, espèces de cercles concentriques menant aux riches échanges humains et aux solutions parfaites, comme cette proposition de Chris et Karin de s’occuper de Skoff pendant le périple marocain de son maître.



Ce dernier s’en trouva nettement plus détendu, apparemment soulagé de cette solution inattendue, car l’amour que Karin et Chris professent aux chiens en dit long sur la façon dont sera traité Skoff qui abandonnera sa vie nomade pour retrouver un foyer en attendant le retour de son maître de la dernière étape de son aventure. Nomadisme, voyage… Ceci évoque la vie des voisins de Karin et Chris, des Gitans qui comme beaucoup d’autres dans la province de Grenade ont opté pour la semi-sédentarisation offerte par la vie dans les grottes. Pour Charly, ce logement d’un soir en caverne aménagée tenait de Jurassic Park, et il y a un peu de cela en effet, car séjourner en cette région de Huéscar équivaut à remonter dans le temps pour découvrir non seulement un habitat primitif mais aussi des ossements et peintures rupestres pouvant dater du Néolithique. L’association d’idées du marcheur jalhaytois lui a peut-être été dictée par le souffle de ce vent lui fouettant le visage le long de routes animées depuis la préhistoire, puisque cette région, qui a de tout temps constitué un véritable carrefour de communications, s’inscrit sur le tracé de la ruta de los primeros pobladores de Europa, c’est à dire la route des premiers habitants d’Europe.



Sans remonter si loin dans le temps, notre Jalhaytois retrace aussi à sa manière l’histoire musulmane de Grenade, car à l’heure où je rédige cet article il chemine dans les traces du dernier historien de l’Espagne musulmane, Ibn al Khatib, natif de la province de Grenade et vizir des rois nasrides qui mourut à Fès au Maroc. Charly inscrit ses pas dans ceux de ce grand polygraphe qui, en 1347, partit de Murcie jusqu’à Grenade en compagnie du sultan de Grenade Youssouf Ier. C’est bien en marchant qu’on doit pouvoir revivre les sensations de ces hommes d’un autre âge dont le rythme de voyage laissait encore sa place à l’émerveillement et à l’introspection. Mais l’expédition des Grenadins avait pour but premier de renforcer les frontières de défense de la région, charnière entre le Levant, la Castille et l’Andalousie, qui fut d’ailleurs repeuplée de Chrétiens du Nord lors de la chute du dernier bastion musulman de la Péninsule. Ce n’est donc sans doute pas un hasard non plus que Charly, le pèlerin venu du Nord, soit entré par cette porte andalouse, pour passer une nuit dans une grotte à rêver à l’ombre du croissant de lune…

Il y a des jours et des lunes
Cette union métaphorique entre lumière et obscurité, sur fond de logement troglodytique, me rappelle l’Allégorie de la Caverne de Platon, qui parle de ces hommes vivant enchaînés dans une grotte, dos à la lumière, ne connaissant leur image que dans les ombres qui dansent sur les parois de la caverne faiblement éclairée par le feu, et ne percevant que l’écho des sons du dehors et du dedans. Il est dit que celui que l’on fera sortir de dessous la terre vivra le grand jour comme une agression lumineuse à laquelle il devra s’adapter avant de repenser son univers à l’aune de cette nouvelle réalité que ses camarades de détention auront du mal à imaginer. Il s’agit bien entendu d’une métaphore nous parlant du difficile accès à la connaissance, du nécessaire temps d’adaptation aux choses nouvelles, et de la difficulté du retour à la vie d’avant, là où les autres auront du mal à être bousculés dans le confort d’un quotidien fait d’idées reçues, d’habitudes, de préjugés et de convictions. Comment ne pas voir dans cette histoire le propre reflet de Charly et de ses fans, c’est-à-dire nous-mêmes ? Il a brisé ses chaînes et est parti sans regarder en arrière, laissant ses ombres familières derrière lui, pour s’engouffrer dans la voie lumineuse mais parfois cruelle du voyage en solitaire, et ce pour attirer l’attention sur d’autres vies que la sienne, sur la vie de deux jeunes êtres en difficulté qui ont trouvé leur astre en lieu et place du grand cœur de Charly. La lune veille sur nous tous, Mehdi, Logan, Charly et toute la troupe suivant son parcours jour après jour comme s’il s’agissait d’un feuilleton, depuis un petit univers feutré qui nous fait vivre par procuration le périple via Facebook, Best of Verviers ou Le Jour. Mais cette apparente proximité ou communion de sentiments et sensations est toute relative. La presque pleine lune sur Huétor souligne la magnificence du paysage de montagnes, mais le baigne aussi d’une glaciale lueur bleutée. La fatigue, le froid, la faim parfois… On pense se les imaginer, on se dit qu’on voit ce que c’est, mais la distance est grande entre nos émois théorico-platoniques et les pénuries pratiques de notre pèlerin au grand cœur. Mais il est là, à cheminer sereinement et stoïquement, malgré les embûches de la route, car ce défi est aussi et surtout un projet d’amour et de don de soi auquel il croit.



Lelouch, dans sa Belle Histoire, avait créé de toutes pièces une légende, celle des abeilles d’Israël. Celles-ci, ayant butiné le nectar du Christ, étaient censées produire un miel garantissant à quiconque en goûtait une très belle histoire dans sa prochaine vie… Les personnages du film disaient que plus les légendes sont belles et moins les gens y croient, mais bien des gens de « la vraie vie » y ont cru et sont partis en pèlerinage à la recherche du (faux) miel magique… Comme dit le cinéaste, les légendes sont faciles à inventer, et je pense ne pas me tromper en ressentant que notre miel magique à nous, c’est la volonté de Charly et son chien, nos pèlerins particuliers qui deviennent peu à peu, pas à pas, une légende à eux deux, et pas seulement dans la presse locale verviétoise…



Sous le ciel parfois cruel mais étoilé d’une Andalousie qui a vécu plus de sept siècles sous le croissant de lune musulman, je crois aussi qu’ils se rapprochent chaque jour un peu plus d’eux-mêmes et un peu plus des autres, et peut-être surtout de ces autres que la foi pousse à suivre la voie de leur temple particulier. Jérusalem, comme l’autre pèlerin verviétois Jean-Marie Gaspar qui livrera à Grenade ses expériences de voyage en mai prochain ; La Mecque comme les Musulmans pour qui le Hajj ou pèlerinage est un des piliers les plus importants de leur crédo ; ou enfin Marrakech pour Charly qui s’est fixé la terre des aïeux de Mehdi comme destination de son périple généreux. Après avoir vécu quelques heures de partage avec lui, et dans l’attente d’autres moments encore, je puis déjà assurer que sa démarche accroît encore plus ma propre foi, ma croyance en la bonté de certains êtres humains.

Itinéraire d’un enfant « gâté » ?
Ceci étant, tout n’est pas rose sur le parcours, et je suis sûre que lors de son interview à l’Université de Grenade, Charly fera état de certaines de ses mésaventures ou déceptions, comme auprès de ces esprits radins n’envoyant pas un colis sur lequel il ne manque même pas 5 Euros, de ces esprits malsains qui appellent à une guerre sainte à l’envers tout en offrant un repas charitable sous un énorme Christ en croix, de ces esprits chagrins qui mettent sur le crédit de la peur le refus d’une gorgée d’eau au marcheur… Et puis les difficultés quotidiennes des retours intermittents à la civilisation pour trouver un peu du « liquide »-monnaie permettant d’acheter le combustible des corps humain et canin…



Et puis les inclémences du temps déchaîné comme on a rarement vu lors des vingt dernières années sous ces cieux d’ordinaire cléments… Et puis la barrière de la langue, obstacle qui mettra encore plus en avant le côté le plus humain des études entamées par mes étudiants… Mais l’amoureuse des signes que je suis désire avant tout voir sur le tracé de la carte de plus en plus remplie de Charly une ligne de plusieurs vies dont les intersections parlent de références communes. La région verviétoise des origines, Grenade la porte andalouse, lieu d’accueil, lieu de vie et lieu de rencontre, et enfin Marrakech la rouge, ville magique et mythique abritant en sa place la plus célèbre les conteurs qui me sont chers. À sa manière à lui, Charly est un conteur en puissance, car chaque date sur la carte marque un temps d’arrêt et une histoire à raconter,



ce qu’il faisait pendant un temps par écrit dans un petit carnet, qu’il délaisse un peu plus pour le moment car l’envie d’écrire n’est plus prégnante.



Mais qu’importe, la magie des conteurs est précisément celle de l’instant présent, de l’histoire qui s’échafaude sur un détail ou un souvenir, sur un mot, un geste, un regard ou une note. Il est clair que l’histoire de Charly et son chien s’écrit au jour le jour, tant sur les réseaux sociaux que dans la presse et par texto, mais aussi et surtout dans le cœur de nos marcheurs qui seront à tout jamais empreints de la magie du voyage. Le désir de relater ces menus détails viendra par bribes ou petites touches, au moment opportun, quand le destin en décidera, même si j’ai décidé d’un tout petit peu forcer ce destin lundi prochain, en soumettant Charly à un public de jeunes Grenadins... Lors de cette rencontre, il nous parlera de la force de cette expérience, où les mots Partir, Revenir ont un sens bien différent que celui qu’on leur donne depuis notre confort ouaté. Mais en tout cas une chose est sûre, c’est que mieux que quiconque Charly doit savoir que la vie est trop courte pour être petite, et il a dès lors résolument choisi de la vivre intensément, en une lenteur apparente qui dissimule à peine la profondeur de sa démarche. Merci à lui de nous pousser à réfléchir sur le sens de cette vie, la sienne, la nôtre et celle des autres, et merci à cette même vie pour nous faire rencontrer des êtres comme lui.

Viva la vie !



8 commentaires:

  1. Excellent reportage merci beaucoup de nous faire vivre ses moments et surtout merci de l'accueil de nos aventuriers besitos Carol

    RépondreSupprimer
  2. Luis Gandia. flgandia795w@cv.gva.es1 février 2010 à 20:21

    Hola Natalia, acompañe un rato a Charly y a skoffi por casualidad, entre Ontinyent y Bocairent (Valencia), estaban un poco perdidos por la montaña y no acabe de entender el motivo de su viaje. Dales un saludo de mi parte y espero que consigan su objetivo y si alguna vez estan por esta zona estan invitados en mi casa. Luis de Ontinyent. flgandia795w@cv.gva.es

    RépondreSupprimer
  3. Merci beaucoup Carol, fidèle lectrice pour ma part, et fidèle amie pour Charly. :-)
    Hier la 'conférence' s'est très bien passée, je vous en parlerai plus longuement les jours à venir! Charly te remet son bonjour, demain il repartira, gonflé à bloc!

    Luis:
    Muchas gracias por tu interés y mensaje. Charly está conmigo aquí al lado del ordenador, Skoff en el jardín. Charly te agradece nuevamente tu ayuda y te manda recuerdos desde mi pueblo granadino, Huétor Santillán. Mañana emprenden la marcha nuevamente, y te agradecen tu invitación! A ver si puede ser... Ya te darán noticias.
    Un abrazo

    RépondreSupprimer
  4. Ah donc Skoff a eu du repos! Massage des coussinets, bisous et caresses, et Charly a continué! Quelle entreprise...

    RépondreSupprimer
  5. Hihi, je viens de t'envoyer un mail Edmée...
    Non, en fait, comme tu verras sur l'article du haut, Skoff est toujours avec son maître mais jusqu'à Algésiras, puis il sera pris en charge par les amis de Huéscar qui iront le chercher au port pour le ramener dans son lieu de villégiature où il restera jusqu'à ce que son maître revienne de Marrakech en avion!

    RépondreSupprimer
  6. Heureuse de découvrir ce blog! Cette histoire émouvante, Skoff et son maître, une belle aventure!
    As-tu déja eu l'intuition de quelque chose dont tu avais vraiment envie? D'une direction que tu voulais donner à ta vie? Est-ce que tu t'es jamais demandé comment faire pour que cela arrive?
    Et puis, après avoir à moitié oublié, t'es tu trouvé nez à nez avec quelqu'un ou bien as -tu lu quelque chose ou encore es-tu allé dans un endroit qui t'a justement apporté cette chance que tu attendais - James Refield
    Amicalement
    Marcelle

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je relis, et j'aime toujours autant cette réponse, si non plus qu'à la première lecture, tant elle est d'actualité pour moi!

      Supprimer
  7. Merci bcp Marcelle pour ce gentil commentaire!
    Et oui, la citation de Refield, c tout à fait ça!
    Ce samedi passé, après son retour en Belgique (et bien sûr après avoir atteint Marrakech), Charly a organisé une soirée au profit des deux petits, elle a eu un franc succès, et tout le monde était ravi...
    À bientôt peut-être
    Nathalie

    RépondreSupprimer